Crémant, blanquette, champagne… quelle différence entre ces vins effervescents ?

Contrairement aux vins tranquilles, les vins effervescents ne semblent pas connaître la crise Bien au contraire, ils sont parmi les seuls vins à voir leur part de marché augmenter. Si le Champagne en sans conteste l'ambassadeur le plus illustre de ce segment des vins effervescents, la France abrite d'autres bulles qui méritent tout autant notre attention. Les crémants, blanquettes de Limoux et autres vins effervescents constituent une offre riche et diversifiée et chacun de ces vins est le témoin de traditions séculaires et de terroirs distincts. Suivez Gaspard dans son exploration de ces trésors pour mieux appréhender leurs spécificités et les subtiles nuances qui les distinguent.

Champagne : la star de la bulle

Difficile de ne pas commencer ce billet sans parler du champagne. Exclusivement produit dans la région éponyme, au nord-est de la France, le champagne est - de loin - le vin effervescent qui bénéficie de la plus grande renommée. Sa particularité ? Il ne peut être produit qu’en Champagne pour bénéficier de l'appellation d'origine contrôlée (AOC) Champagne, laquelle en garantit l'authenticité et l'excellence à travers le respect du cahier des charges qui lui est propre.
Pour élaborer un vin effervescent de Champagne, les vignerons emploient la méthode champenoise, également connue sous le nom de méthode traditionnelle. Cette méthode de production impose un processus méticuleux qui implique une seconde fermentation en bouteille et impose un vieillissement sur lies d'une durée minimale de 15 mois pour les champagnes non millésimés et de 36 mois pour les champagnes millésimés. Cet élevage confère au vin final une complexité aromatique et des bulles d'une finesse inégalée.
Outre des méthodes de production strictes, les vins effervescents de Champagne ne peuvent être élaborés qu’à partir de trois cépages : le chardonnay, qui apporte finesse et arômes floraux, le pinot noir, qui confère structure et arômes de fruits rouges, et le pinot meunier, qui ajoute rondeur et notes fruitées.
Si vous souhaiter en savoir plus sur le vin effervescent le plus célèbre au monde, ne manquez pas de lire l’article « Comment est fait le champagne ? », un billet dans lequel Gaspard vous dévoile tous les secrets de fabrication de la bulle champenoise.
Notons par ailleurs que certains champagnes peuvent bénéficier de la mention « Premier Cru » ou encore « Grand Cru », lesquelles ne sont attribuées qu’à certains terroirs très spécifiques, dont la combinaison du climat et de la géologie offre des champagnes (encore plus) exceptionnels.

Crémant : une diversité de terroirs

Les crémants sont des vins effervescents élaborés selon la même méthode traditionnelle utilisée pour l’élaboration des champagnes mais sont produits dans diverses régions viticoles françaises telles que l'Alsace, la Bourgogne, la Loire ou encore Bordeaux, pour n’en citer que quelques-uns. Chaque région imprime son caractère aux vins qui en sont issus.
À l'instar du champagne, le crémant est élaboré par une seconde fermentation en bouteille et un vieillissement sur lies, qui dure généralement de 9 à 12 mois. Cette méthode confère aux crémants des bulles élégantes et une jolie richesse aromatique.
Pour le coup, les cépages varient fortement en fonction des régions. Par exemple, le crémant d'Alsace utilise le pinot blanc, le riesling, le pinot gris ou encore le pinot noir, tandis que le crémant de Bourgogne privilégie le chardonnay et le pinot Noir. Cette diversité permet une large gamme de profils aromatiques, allant des notes fruitées et florales aux saveurs plus complexes et structurées.

La blanquette de Limoux : une histoire ancestrale

La blanquette de Limoux, produite dans la commune audoise éponyme, au cœur du vignoble du Languedoc, est l'un des plus anciens vins effervescents. Pour cause, son origine remonte à 1531, bien avant la reconnaissance des méthodes de production de Champagne. Selon les archives, c’est à cette date que les moines de l'abbaye bénédictine de Saint-Hilaire auraient découvert le processus de fermentation en bouteille, donnant naissance à ce vin effervescent unique. Cette découverte est souvent attribuée à une fermentation spontanée qui se serait produite dans les caves de l'abbaye, due aux températures fraîches qui ralentissaient le processus de fermentation.
De cette découverte est née la méthode dite « ancestrale », qui - contrairement à la méthode traditionnelle utilisée pour produire le champagne ou le crémant, consiste à interrompre la fermentation alcoolique par refroidissement avant qu'elle ne soit achevée. Le vin est ensuite mis en bouteille où la fermentation se termine, produisant des bulles naturellement sans ajout de sucre ou de levures. Ainsi cette technique diffère de la méthode traditionnelle (ou champenoise), qui - comme évoqué plus haut - implique une seconde fermentation en bouteille après l'ajout de sucre et de levures. La méthode ancestrale est ainsi plus « naturelle » et donne des vins qui sont généralement plus doux et moins alcoolisés que les vins produits à partir de la méthode traditionnelle.
Si la tradition de la blanquette de Limoux tend aujourd’hui à s’effacer au profit des crémants de Limoux jugés plus qualitatifs, notons que peu importe le nectar, le terroir de Limoux est particulièrement propice à la production de vins effervescents. Située dans la Haute Vallée de l’Aude, la région bénéficie en effet d'un climat tempéré avec des influences atlantiques et méditerranéennes. Les sols argilo-calcaires et la diversité des microclimats favorisent la culture du cépage mauzac, cépage principal utilisé dans la production de la blanquette de Limoux. Le mauzac, avec ses arômes de pomme verte, de fleurs blanches et de miel, est parfaitement adapté à la méthode ancestrale. En complément, les cépages chardonnay et chenin nlanc peuvent être utilisés pour apporter des nuances supplémentaires au vin. Pour information, la blanquette de Limoux a été reconnue appellation d'origine contrôlée (AOC) en 1938, faisant d’elle la première AOC de vins effervescents en France. Ce n’est qu’en 1990 qu’une nouvelle appellation dédiée au crémant de Limoux a été créée, afin de différencier la blanquette de ces vins produits selon la méthode traditionnelle avec un assemblage majoritaire de chardonnay et de chenin blanc complété de pinot noir et de mauzac.

Gaillac : un héritage singulier

Dans le vignoble du Sud-Ouest, vous avez peut-être déjà entendu parler ou bien même gouté des vins effervescents de Gaillac. Ici, cela fait des siècles que l’on produit des vins effervescents selon la méthode ancestrale, que l’on appelle également méthode gaillacoise. Elle ne diffère en rien de la méthode utilisée pour l’élaboration de la blanquette. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le vignoble de Gaillac utilise - comme Limoux - le mauzac en guise de cépage principal dans la production de vins effervescents sous l’AOC Gaillac Méthode Ancestrale.
Mais, comme son voisin, Gaillac s’est également mis à produire des vins effervescents selon la méthode traditionnelle, c’est-à-dire la même méthode que celle utilisée pour élaborer des champagnes. Pour produire ce type de vins, les vignerons sont libres de compléter leur assemblage avec du len de l'el (cépage autochtone de Gaillac) et du chardonnay, offrant une diversité de profils aromatiques selon les vins produits.

Le saviez-vous ?

Dans le vaste panorama des vins effervescents, il n’est pas rare de faire face à des cuvées dites « blanc de blancs » ou encore « blanc de noirs ». Mais savez-vous ce que cette mention indique ?
Sachez que ces mentions indiquent les cépages à partir desquels le vin a été élaboré : exclusivement à base de cépages blancs pour le premier (à l’instar du chardonnay pour le champagne, par exemple), et exclusivement à base de cépages noirs pour le deuxième (à l’instar du pinot noir et du pinot meunier par exemple).