Qu’est-ce qu’un cépage autochtone ?
Publié le 20/03/2024 par Camille
A la base de chaque vin, il y a une vigne. Et à la base de toute vigne, un cépage. Si Gaspard a déjà abordé la notion de cépages blancs, de cépages rouges et même de cépages résistants à travers plusieurs articles, il s’intéresse aujourd’hui à la notion de cépage autochtone, aussi appelé cépage endémique, cépage indigène, cépage patrimoniaux et parfois même et - hélas - à juste titre… cépage oublié. Mais que ce cache-t-il derrière ces notions ?
Le terme «autochtone», dérivé du grec ancien, signifie «originaire du lieu» et, dans le contexte viticole, désigne des variétés de vignes spécifiquement adaptées à leur environnement naturel et culturel d'origine. Ces cépages ont évolué ou ont été cultivés dans des régions particulières, souvent isolées, où ils ont développé des caractéristiques uniques adaptées au climat, au sol, et aux pratiques viticoles locales. De l'albariño en Galice (Espagne), au zinfandel en Californie, chaque cépage autochtone raconte ainsi une histoire de terroir et d'adaptation.
Aussi, dans le monde du vin, si des noms tels que «merlot», «cabernet sauvignon» ou encore «chardonnay» dominent largement l’assemblage des vins qui remplissent les étagères des cavistes et les cartes des restaurants, il existe un univers méconnu, mais tout aussi fascinant, de cépages autochtones qui méritent notre attention.
Pour tout comprendre à ce qu’est vraiment un cépage autochtone et pourquoi il est crucial de redécouvrir et de valoriser ces espèces endémiques aujourd'hui, suivez Gaspard.
La richesse cachée de la biodiversité viticole
On estime qu'il existe plus de 10 000 variétés de vignes dans le monde, chacune offrant des nuances distinctes de saveurs, d'arômes, et de textures. Cependant, une poignée de cépages internationaux a pris le devant de la scène, réduisant dramatiquement la diversité des vins disponibles sur le marché. Cette uniformisation, motivée par la demande commerciale et la facilité de culture de certaines variétés, occulte une richesse de diversité qui, pourtant, pourrait répondre aux défis actuels et futurs de la viticulture, tels que le changement climatique et les maladies de la vigne.
Les enjeux de la préservation des cépages autochtones
La préservation des cépages autochtones est essentielle pour plusieurs raisons.
D'abord, ces variétés endémiques constituent un patrimoine génétique inestimable, capable d'apporter des solutions durables aux défis environnementaux actuels tels que le réchauffement climatique. Ensuite, ces cépages indigènes permettent de maintenir et d'enrichir la diversité culturelle et gustative des vins.
Enfin, la redécouverte et la valorisation de ces cépages offrent également de nouvelles opportunités économiques pour les régions viticoles, en permettant aux producteurs de se différencier sur un marché de plus en plus saturé.
Des initiatives encourageantes pour la valorisation des cépages autochtones
À travers le monde, des viticulteurs passionnés, des chercheurs, et des organismes dédiés à la viticulture travaillent à la préservation et à la promotion des cépages autochtones. Ces initiatives vont de la réintroduction de variétés oubliées à la création d'appellations et de labels spécifiques, en passant par la recherche sur la résistance aux maladies et l'adaptation au changement climatique. Des pays comme l'Italie, la Grèce, et la Géorgie, riches en cépages autochtones, sont à la pointe de ces efforts, montrant la voie à suivre pour une viticulture durable et diversifiée.
La France voit également certains de ses vignobles se recentrer sur les cépages autochtones pour mettre en avant leur spécificité et mieux répondre au réchauffement climatique. Des régions comme la Corse avec le niellucciu, le sciaccarellu, et le vermentinu; le Sud-Ouest avec le malbec (pour produire les vins de Cahors), le tannat (pour produire les vins de Madiran), le duras et le braucol (pour produire les vins de Gaillac); ainsi que la Savoie et le Jura avec des variétés telles que le persan, la jacquère, et le savagnin, préservent, encouragent et parfois même réhabilitent ces trésors locaux, pour enrichir la palette aromatique des vins français tout en soutenant la biodiversité de leurs vignobles.
Le charme (trop) discret des cépages patrimoniaux français
Si l’on pourrait penser que se cultive en France une formidable diversité de cépages, une vingtaine seulement occupe 90% de nos surfaces viticoles. Pourtant, parmi l’impressionnante collection de vignes qu’abrite l’INRA au domaine de Vassal (Hérault), 200 sont inscrites au catalogue officiel et sont donc susceptibles d’être cultivées. Mais pourquoi ces cépages semblent-ils être tombés dans l’oubli ?
D’abord, la crise du phylloxéra n’a pas épargné les cépages patrimoniaux à laquelle une partie considérable d’entre eux n’a pas survécu. Puis, à la fin du XXème siècle, les variétés rescapées ont tout simplement été délaissées, à la faveur de cépages dits « amélioratifs » ou « nobles », destinés à restructurer le vignoble. Merlot, cabernet-sauvignon, chardonnay… ont ainsi gagné du terrain, conduisant à l’oubli des cépages autochtones. Une marginalisation qui s’est d’autant plus concrétisée que le XXème siècle a vu se développer les goûts des consommateurs vers des vins plus capiteux que ceux élaborés à partir des cépages patrimoniaux, jugés à l’inverse trop légers.
Pourquoi les cépages autochtones méritent-ils notre attention
Les cépages autochtones ne sont pas seulement un héritage du passé; ils représentent une voie vers l'avenir de la viticulture. En les redécouvrant, nous nous ouvrons à une palette de saveurs et d'expériences gustatives inédites, tout en contribuant à la préservation de la biodiversité viticole et à la soutenabilité de l'agriculture. Car, on ne le sait peut-être pas, mais il est aujourd’hui admis que l’absence de biodiversité favorise le changement climatique.
Or, face à cet enjeu de taille, les cépages autochtones présentent non seulement l’avantage de contribuer à la restauration de la biodiversité dans leurs vignobles mais également celui d’être plus résistants face au changement climatique, conservant notamment de faibles degrés alcoolique malgré le réchauffement des températures. Une bonne nouvelle pour les consommateurs qui se détournent désormais des vins trop concentrés et leur préfèrent des vins plus légers et, tant qu’à faire, locaux !
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